Les Bandages : un outil unique de la méthode TTouch

Parmi les piliers de la méthode TTouch, certains sont encore peu connus et pourtant très efficaces — c’est le cas des Body Wraps, ou bandages corporels.

On utilise des bandes élastiques (similaires à celles utilisées pour les chevaux), de différentes largeurs, que l’on pose à plat sur le corps de l’animal, sans trop serrer. La bande doit simplement être ressentie, sans gêner les mouvements. Il existe plusieurs configurations possibles. Peut-être as-tu déjà vu le "half wrap" (bandage en demi-harnais), souvent utilisé pour apaiser les chiens anxieux lors d’orages ou de feux d’artifice.

Pourquoi utiliser les bandages ?

Les bandages corporels permettent d’intégrer une information externe au niveau cellulaire, en augmentant passivement la conscience corporelle de l’animal. Les changements de posture et de schémas de tension qu’ils génèrent améliorent la confiance en soi, l’autocontrôle, l’équilibre et la coordination.

Ils procurent une sensation d’étreinte sécurisante, tout en fournissant au corps un retour d’information sur ce qu’il fait. (Pour en savoir plus sur l’aspect intégration sensorielle, tu peux lire l’article de Kathy Cascade, physiothérapeute et instructrice TTouch, sur le site tellington-ttouch.fr/p/etudes-scientifiques-et-articles)

Les utilisations sont nombreuses : bien sûr, ils sont connus pour aider à gérer la peur des bruits forts, mais ils peuvent aussi être utiles en cas de réactivité, d’hyperactivité, d’excitabilité, ou encore pour aider un animal à faire face à des situations nouvelles, et bien plus encore.

Un peu d’histoire : comment est née l’utilisation des bandages ?

Comme tu le sais peut-être, la méthode TTouch est née du travail de Linda Tellington-Jones avec les chevaux, et les premiers essais de bandages également.

Linda avait remarqué que de nombreux poulains étaient stressés à l’idée d’utiliser la butt rope, une corde servant à leur apprendre à marcher en longe. Elle a alors tenté de placer d’abord une corde autour du poitrail, puis en forme de figure en 8 autour du poitrail et de la croupe. Elle a rapidement observé que cela rendait les poulains moins réactifs.

Après plusieurs années d’utilisation avec les chevaux, les cordes ont été testées sur les chiens dans les années 90, avec des résultats prometteurs. Mais les cordes avaient tendance à glisser, surtout quand les chiens se couchaient. Un praticien a eu l’idée d’essayer les bandes élastiques utilisées pour les chevaux — plus stables et plus faciles à poser. C’est ainsi qu’est né le Body Wrap, qui s’est rapidement répandu parmi les praticiens TTouch du monde entier, s’adaptant à toutes sortes d’animaux : chiens, chats, lapins, oiseaux… et même serpents ! Il a même été adapté pour une utilisation chez les humains.

Comment les wraps ont aidé Jam… et moi

Si tu connais Jam, tu sais que trouver un état de calme était un défi pour elle, en grande partie à cause de son syndrome d’Addison non diagnostiqué (si tu veux en savoir plus sur l’impact de cette maladie sur le comportement, tu peux lire mon article “Addison et moi”).

Particulièrement durant l’année précédant le diagnostic, les choses se sont aggravées : Jam devenait de plus en plus craintive, au point de se figer en pleine rue à cause des bruits forts, ou de paniquer complètement lors des feux d’artifice.
C’est à ce moment-là que je me suis tournée vers le demi bandage, qui est souvent la première ligne de soutien pour les chiens anxieux.

Nous avons commencé avec quelques minutes seulement, mais je devais vite lui retirer, car elle essayait de l’enlever elle-même — au risque de l’abîmer.
Petit à petit, elle a commencé à s’y habituer et à réaliser que cela l’aidait. On est passées de 5 minutes à une demi-heure, puis elle arrivait même à s’endormir avec.

Après quelques mois, j’ai compris qu’elle me demandait parfois spontanément de porter sa bande. Je rangeais la sienne à part de celles que j’utilise pour le travail, sur une étagère.

Un jour, je me suis rendu compte qu’elle s’était placée devant la boîte où je range sa bande, et qu’elle la fixait intensément… puis elle me regardait… puis elle fixait la boîte… et ainsi de suite.

Je dois avouer qu’il m’a fallu plus de temps que je ne voudrais l’admettre pour comprendre — à ma décharge, la bande était rangée juste à côté de plusieurs boîtes à friandises…

Aujourd’hui, elle me demande spontanément sa bande pendant les orages, surtout la nuit. Et elle peut dormir toute la nuit avec.

Mais comme c’est une chienne excessivement intelligente (et que j’utilise une bande avec du velcro au lieu d’épingles de sûreté), elle a même appris à l’enlever toute seule, en ouvrant le velcro sans abîmer la bande.

Bien sûr, nous ne nous sommes pas arrêtées au demi bandage. Jam m’a accompagnée tout au long de ma formation en tant que praticienne TTouch, et elle a donc testé presque toutes les variantes !
L’une des combinaisons que nous avons le plus souvent utilisée, c’était le bandage complet (full body wrap), notamment pour l’aider à se remettre de ses deux crises.

Après six mois très difficiles, même si nous avions enfin trouvé le bon traitement, elle restait très affaiblie. L’usage intensif de cortisone avait littéralement fondu sa masse musculaire, ce qui compliquait énormément la gestion de sa dysplasie de deux hanches.

Bien sûr, elle bénéficiait déjà de physiothérapie, acupuncture, hydrothérapie, mais pour renforcer sa rééducation, j’ai commencé à utiliser les bandages sur les conseils de Lucille Leclerc (instructrice TTouch qui supervisait ma dernière semaine de formation avant la certification).

Je lui mettais un bandage pendant quelques minutes et la laissais se déplacer librement, puis je l’enlevais et la laissais bouger de nouveau. Je répétais ce processus avec trois bandes différents à chaque séance.
Le tout ne durait qu’une quinzaine de minutes, mais les effets se sont rapidement fait sentir. C’était une aide précieuse pour l’aider à bouger avec prudence, tout en reconstruisant doucement ses muscles sans prendre de risque.

En relisant cet article, je me rends compte que tout cela peut sembler minime, voire insignifiant
Mais je pense que c’est justement là toute la beauté et la magie de cette méthode : parfois, on n’a pas besoin d’en faire beaucoup, ni de faire vivre à nos animaux des processus lourds ou complexes, pour obtenir des résultats.
Et ça veut dire qu’on peut adapter la méthode à toutes les situations, même les plus critiques… comme celle de Jam, après ses crises.

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